1. Accueil
  2. Nouvelles

Le Green Shipping Industry Day en bref

3 octobre 2025

Le Green Shipping Industry Day a réuni à Bruxelles acteurs institutionnels, industriels, portuaires, associatifs et experts académiques pour une journée consacrée aux défis et solutions de la transition environnementale maritime.

L’événement, placé sous le signe de la coopération européenne et internationale, a permis d’aborder les grandes thématiques de l’innovation, de la biodiversité, des ports durables et de la compétitivité.

Une ouverture tournée vers l’innovation et l’investissement

Christophe Clergeau, député européen et président de l’intergroupe SEArica, a insisté sur la nécessité de considérer les ports comme des hubs industriels et d’innovation, au-delà du seul trafic conteneurs. Il a appelé à des investissements massifs dans les infrastructures et à un soutien fort pour la propulsion vélique : "Les meilleurs carburants sont ceux dont nous n’avons pas besoin".

Antidia Citores (Green Marine Europe) a introduit le Sustainable Transport Investment Plan (STIP) et salué la collaboration inédite entre projets européens tels qu’EcoShipyard et CirclesOfLife. Ces deux initiatives offrent des outils concrets :

  • plateformes numériques et indicateurs de performance environnementale pour les chantiers,
  • passeports matériaux pour tracer, réutiliser et valoriser les composants d’un navire tout au long de son cycle de vie.

Verdir la construction navale n’est pas un frein à la compétitivité, mais la condition de sa pérennité.

Biodiversité : bruit sous-marin et réduction de vitesse au cœur des débats

La table ronde sur la biodiversité, modérée par Antidia Citores, a mis en lumière les impacts du bruit sous-marin et des collisions.

  • Marie-Lucie Susini (SPF Mobilité et Transports) a rappelé les avancées de l’Organisation Maritime Internationale (OMI), passées de simples lignes directrices (2014) à un plan d’action concret (2023).
  • Le Dr. Megan Clampitt (Ponant) a présenté son programme scientifique embarqué, offrant des places à bord aux chercheurs, et ses navires certifiés pour la réduction du bruit.
  • Samia Hached (Louis Dreyfus Armateurs) a témoigné de son engagement ancien en faveur du slow steaming.
  • Aurore Morin (IFAW) a défendu la campagne “Blue Speeds” : naviguer à 75 % de la vitesse de conception permettrait de réduire de moitié les collisions, de 40 % le bruit sous-marin et de 13 % les émissions de GES, tout en générant jusqu’à 4,5 milliards € de bénéfices économiques en Europe.
  • Simone Panigada (Téthys Research Institute) et Marie-Aude Sévin (BlueSeeds), représentant du consortium Pelagos, soutenu par la Fondation Prince Albert II de Monaco, ont présenté le Sanctuaire comme un laboratoire grandeur nature pour tester et transformer les mesures volontaires en obligations internationales.

Avec un consensus : en complément des mesures volontaires, toujours utiles, la réglementation semble désormais indispensable pour protéger la biodiversité.

Ports durables : de la coopération régionale aux projets européens

Alors que Green Marine Europe ouvrira son programme de certification aux ports en 2026, la session consacrée aux ports a été particulièrement riche.

  • Mathieu Bergé et Mélanie Pressans, pour Aquitania Ports Link (ports de La Rochelle, Bordeaux, Bayonne et Rochefort Tonnay-Charente), ont présenté leurs coopérations en matière de circularité, d’énergies renouvelables et d’innovation (grues à hydrogène, boucles solaires, biofuels pour dragues).
  • L’AIVP, avec Caya Hein, a insisté sur l’importance de la résilience portuaire et de la coopération ville-port face aux événements climatiques extrêmes.
  • Timothy Durant a présenté le projet PIONEERS (ports d’Anvers-Bruges, Barcelone, Constanza, Venlo), qui développe 19 démonstrateurs technologiques allant de l’électrification du fret au report modal vers le rail et les voies navigables.
  • Roland Teixeira (EOPSA) a rappelé que le shore power (électrification à quai) est une solution immédiatement disponible, mais reste freiné par la question du financement.

Les ports sont au cœur de la transition énergétique et peuvent être des catalyseurs d’innovation, à condition d’obtenir des modèles économiques viables et un soutien politique adapté.

Certification, compétitivité et transition

La certification Green Marine Europe a été au centre des échanges de l’après-midi, avec les témoignages de Brittany Ferries (Christophe Mathieu), MSC Cruises (Capitaine Minas Myrtidis) et CMA CGM (Pierre-Edouard Altieri). Tous ont confirmé que la certification est un moteur culturel de transformation dans les entreprises, renforçant transparence, amélioration continue et crédibilité auprès des parties prenantes.

Les débats sur la nouvelle stratégie industrielle maritime européenne ont souligné :

  • le besoin de clarté et de coordination des politiques (Brittany Ferries),
  • l’urgence de sécuriser l’accès aux carburants renouvelables (MSC Cruises),
  • la nécessité de combler l’écart de prix entre carburants traditionnels et alternatifs (CMA CGM),
  • et l’importance de préserver les emplois et compétences maritimes (Direction Générale des Affaires Maritimes et Portuaires).

L’Agence exécutive européenne pour le climat, les infrastructures et l'environnement (Commission européenne) a rappelé, par la voix d’Andrea Lanza, que l’Innovation Fund met à disposition 40Md€ d’ici 2030 pour financer navires, infrastructures et carburants alternatifs, soulignant l’importance de préserver les emplois maritimes.

Le European Council for Maritime Applied R&D (ECMAR), par la voix de Florent Carré, a insisté sur l’importance de relever des défis technologiques (carburants alternatifs, digitalisation, sûreté et sécurité, etc.) pour développer la compétitivité du transport maritime.

Enfin, la députée européenne Ana Vasconcellos a souligné la nécessité pour l’Europe d’avancer d’une même voix sur ces sujets, car l’harmonisation est clé pour une transition synonyme de compétitivité.

Clôture : résilience et vision

En clôture, David Bolduc (Green Marine International) a appelé à “tenir le cap” malgré les turbulences géopolitiques et économiques, saluant l’approche vérifiée et au-delà de la conformité de Green Marine et Green Marine Europe.

Laurent Martens (Armateurs de France) a insisté sur trois piliers à protéger pour financer la transition : la taxe au tonnage, le modèle net wage pour les marins européens, et le recyclage des recettes ETS dans l’écosystème maritime.

Enfin, le capitaine Alain Mistre (port de Nice), a annoncé que le prochain Green Shipping Day aura lieu à Nice à l’automne 2026, avec un investissement de 25 M€ dans l’électrification des quais.

 

Les messages clés de la journée : 

  • Innovation & compétitivité vont de pair : passeports matériaux, digital twins, électrification portuaire, Blue Speeds…
  • La biodiversité est une priorité émergente : bruit sous-marin et collisions appellent des mesures obligatoires.
  • Les ports sont des catalyseurs de transition : coopération régionale, circularité, résilience, mais besoin de modèles financiers viables.
  • La certification Green Marine Europe est un moteur culturel et stratégique pour l’industrie.
  • Soutien politique et financement européen sont indispensables pour accélérer la transition.

Photo : Sam Glazier