1. Accueil
  2. Nouvelles

Green Marine Europe à l’OMI : faire converger efficacité énergétique et réduction du bruit sous-marin

9 décembre 2025

Les 6 et 7 novembre 2025, Green Marine Europe (GME) a participé au deuxième atelier de l’Organisation Maritime Internationale (OMI), consacré aux liens entre l’efficacité énergétique des navires et le bruit rayonné sous l’eau (Underwater Radiated Noise – URN), organisé au siège de l’OMI à Londres.

Mandaté par le MEPC 82 dans le cadre du plan d’action de l’OMI sur le bruit sous-marin, cet atelier a réuni régulateurs, chercheurs, ONG, sociétés de classification, armateurs et développeurs technologiques. Objectif : accélérer la convergence entre réduction du bruit, efficacité énergétique et protection de la biodiversité.

Co-organisé par l’OMI et le partenariat GEF-UNDP-IMO GloNoise, l’événement a mis en lumière les avancées scientifiques et les leviers opérationnels permettant de réduire l’empreinte acoustique du transport maritime mondial — une priorité environnementale de longue date pour GME.

Pourquoi le bruit sous-marin compte vraiment

Le bruit sous-marin émis par les navires est désormais reconnu comme une pression majeure sur les écosystèmes marins, en particulier pour les cétacés. Le transport maritime constitue aujourd’hui la principale source anthropique de bruit océanique à basse fréquence.

L’atelier poursuivait deux ambitions claires :

  1. Consolider les bases scientifiques reliant propulsion, mesures d’efficacité énergétique et émissions acoustiques.
  2. Identifier des pistes réglementaires et opérationnelles pour encourager la réduction du bruit, notamment via des incitations, des normes de conception et un suivi fondé sur la donnée.

Ces objectifs font écho aux engagements de long terme de GME, qui travaille sur cet indicateur depuis la création du programme. Plus de 30 armateurs européens y contribuent aujourd’hui, dont plusieurs opérant dans la zone maritime particulièrement sensible (PSSA) de Méditerranée.

Enseignements clés et temps forts
Jour 1 — Avancées techniques et gestion intégrée

La première journée a porté sur les technologies, les méthodes de mesure et les interactions entre dispositifs d’économie d’énergie (ESD) et réduction du bruit.

Parmi les points marquants :

  • Avancées des travaux réglementaires de l’OMI sur l’efficacité énergétique et les lignes directrices URN (Secrétariat et groupe de correspondance belge).
  • Études de cas montrant les co-bénéfices d’une optimisation d’hélice, d’une conception de coque adaptée, de revêtements spécifiques ou encore des variateurs de fréquence (VFD).
  • Résultats de projets européens et nord-américains démontrant les performances acoustiques de remorqueurs et ferries électriques.
  • Une session dédiée aux méthodes d’identification des zones où la réduction du bruit est la plus efficace, en prévision d’outils de gestion spatiale.

L’après-midi a exploré les modèles économiques et systèmes d’incitation, soulignant la nécessité d’aligner objectifs d’efficacité énergétique et effort de réduction du bruit dans les standards de performance et les mécanismes financiers.

Jour 2 — Normes, modélisation prédictive et prospective réglementaire

La deuxième journée s’est tournée vers les approches structurelles et prospectives :

  • Conception navale basée sur la simulation pour anticiper l’URN avant construction.
  • Intégration du bruit dans la planification maritime écosystémique.
  • Premiers retours du pilote canadien de gestion du bruit et éclairages de Maersk sur les choix de conception en amont.
  • Analyses prospectives de la European Maritime Safety Agency (EMSA) sur l’évolution du bruit dans les eaux européennes d’ici 2050 selon différents scénarios GES/bruit.

L’ensemble de ces travaux montre un mouvement international fort vers des standards intégrés URN/EE — étape essentielle des futures évolutions réglementaires de l’OMI.

La contribution de GME : des indicateurs aux mécanismes d’incitation

La Directrice générale de GME, Dr Antidia Citores, a présenté l’intervention « From Indicators Roadmap for Ship owners and Ports to Incentives and Labs » lors de la session de l’après-midi du premier jour.

Trois messages centraux ont été portés à la communauté de l’OMI:

1. Un indicateur robuste, éprouvé sur le terrain

GME a présenté 15 ans d’expérience conjointe Green Marine / Green Marine Europe dans le déploiement d’un indicateur URN utilisé par plus de 200 armateurs dans le monde, dont une trentaine en Europe. Cet historique offre une base unique sur :

  • les mesures de réduction réellement applicables,
  • es progrès à l’échelle flotte,
  • l’articulation entre améliorations opérationnelles et de conception.

2. Une feuille de route pour aligner incitations, exigences et montée en compétence

Un référentiel structuré — fondé sur la vérification tierce partie et la publication annuelle des résultats — permet :

  • aux armateurs de progresser graduellement,
  • aux ports de concevoir des redevances différenciées ou d’autres incitations,
  • aux régulateurs d’évaluer la maturité des solutions disponibles,
  • aux chercheurs d’analyser les tendances à grande échelle.

3. Un trait d’union entre ambitions globales et actions régionales

GME a également valorisé sa participation au consortium Pelagos, coordonné par l’Institut de recherche Tethys et soutenu par la Fondation Prince Albert II de Monaco. L’objectif : renforcer la réduction du bruit en Méditerranée, notamment dans le Sanctuaire Pelagos — l’un des habitats de cétacés les plus sensibles au monde.

Cette implication montre comment les cadres de certification peuvent accélérer la coopération entre armateurs, ports, ONG, scientifiques et autorités.

Pourquoi les cadres de Green Marine et Green Marine Europe sont utiles à l’OMI

Grâce à une structure transatlantique (Amérique du Nord – Europe), Green Marine et Green Marine Europe apportent à l’OMI un retour d’expérience opérationnel rare sur la mise en œuvre de mesures de réduction du bruit à l’échelle flotte.

La méthodologie — niveaux de performance, vérification indépendante, publication annuelle — constitue un modèle évolutif et compatible avec la phase d’accumulation d’expérience (Experience-Building Phase) de l’OMI.

GME a également rappelé l’écosystème qui soutient cet indicateur : plus de 15 ans de pratique, une gouvernance incluant des organisations scientifiques et de conservation comme IFAW, membre actif du comité de pilotage et du comité consultatif. Cette gouvernance renforce la crédibilité scientifique de l’indicateur et son ancrage opérationnel.

Le Rapport de performance 2024 de GME montre ainsi que 21 % des armateurs certifiés ont atteint le niveau 3 ou plus, grâce à des mesures concrètes : optimisation d’hélice, revêtements de coque avancés, gestion adaptative de la vitesse dans les zones sensibles.

GME a également souligné la convergence stratégique entre :

  • la révision de l’indicateur URN attendue pour 2026,
  • la phase d’accumulation d’expérience de l’OMI,
  • son engagement au sein du consortium Pelagos.

Cette dynamique conjointe — scientifique, réglementaire et opérationnelle — s’inscrit dans une ambition plus large portée par plusieurs États et institutions : avancer vers un objectif de “Quiet Ocean”.

Conclusion : accélérer l’effort mondial pour apaiser l'Océan

L’atelier de l’OMI a dégagé un constat commun : la réduction significative du bruit sous-marin ne sera possible que si science, innovation technologique et cadre réglementaire avancent de concert — et si la réduction du bruit devient un élément structurant de la conception, de l’exploitation et des investissements navals.

En partageant son expérience de terrain et sa méthodologie d’indicateur, Green Marine Europe a réaffirmé son rôle de catalyseur d’une action collective, ambitieuse et fondée sur la preuve, au service de la protection des écosystèmes marins et de la transition environnementale du secteur maritime.

 

Photos : OMI