Les 6 et 7 novembre 2025, Green Marine Europe (GME) a participé au deuxième atelier de l’Organisation Maritime Internationale (OMI), consacré aux liens entre l’efficacité énergétique des navires et le bruit rayonné sous l’eau (Underwater Radiated Noise – URN), organisé au siège de l’OMI à Londres.
Mandaté par le MEPC 82 dans le cadre du plan d’action de l’OMI sur le bruit sous-marin, cet atelier a réuni régulateurs, chercheurs, ONG, sociétés de classification, armateurs et développeurs technologiques. Objectif : accélérer la convergence entre réduction du bruit, efficacité énergétique et protection de la biodiversité.
Co-organisé par l’OMI et le partenariat GEF-UNDP-IMO GloNoise, l’événement a mis en lumière les avancées scientifiques et les leviers opérationnels permettant de réduire l’empreinte acoustique du transport maritime mondial — une priorité environnementale de longue date pour GME.
Le bruit sous-marin émis par les navires est désormais reconnu comme une pression majeure sur les écosystèmes marins, en particulier pour les cétacés. Le transport maritime constitue aujourd’hui la principale source anthropique de bruit océanique à basse fréquence.
L’atelier poursuivait deux ambitions claires :
Ces objectifs font écho aux engagements de long terme de GME, qui travaille sur cet indicateur depuis la création du programme. Plus de 30 armateurs européens y contribuent aujourd’hui, dont plusieurs opérant dans la zone maritime particulièrement sensible (PSSA) de Méditerranée.
La première journée a porté sur les technologies, les méthodes de mesure et les interactions entre dispositifs d’économie d’énergie (ESD) et réduction du bruit.
Parmi les points marquants :
L’après-midi a exploré les modèles économiques et systèmes d’incitation, soulignant la nécessité d’aligner objectifs d’efficacité énergétique et effort de réduction du bruit dans les standards de performance et les mécanismes financiers.
La deuxième journée s’est tournée vers les approches structurelles et prospectives :
L’ensemble de ces travaux montre un mouvement international fort vers des standards intégrés URN/EE — étape essentielle des futures évolutions réglementaires de l’OMI.
La Directrice générale de GME, Dr Antidia Citores, a présenté l’intervention « From Indicators Roadmap for Ship owners and Ports to Incentives and Labs » lors de la session de l’après-midi du premier jour.
Trois messages centraux ont été portés à la communauté de l’OMI:
1. Un indicateur robuste, éprouvé sur le terrain
GME a présenté 15 ans d’expérience conjointe Green Marine / Green Marine Europe dans le déploiement d’un indicateur URN utilisé par plus de 200 armateurs dans le monde, dont une trentaine en Europe. Cet historique offre une base unique sur :
2. Une feuille de route pour aligner incitations, exigences et montée en compétence
Un référentiel structuré — fondé sur la vérification tierce partie et la publication annuelle des résultats — permet :
3. Un trait d’union entre ambitions globales et actions régionales
GME a également valorisé sa participation au consortium Pelagos, coordonné par l’Institut de recherche Tethys et soutenu par la Fondation Prince Albert II de Monaco. L’objectif : renforcer la réduction du bruit en Méditerranée, notamment dans le Sanctuaire Pelagos — l’un des habitats de cétacés les plus sensibles au monde.
Cette implication montre comment les cadres de certification peuvent accélérer la coopération entre armateurs, ports, ONG, scientifiques et autorités.
Grâce à une structure transatlantique (Amérique du Nord – Europe), Green Marine et Green Marine Europe apportent à l’OMI un retour d’expérience opérationnel rare sur la mise en œuvre de mesures de réduction du bruit à l’échelle flotte.
La méthodologie — niveaux de performance, vérification indépendante, publication annuelle — constitue un modèle évolutif et compatible avec la phase d’accumulation d’expérience (Experience-Building Phase) de l’OMI.
GME a également rappelé l’écosystème qui soutient cet indicateur : plus de 15 ans de pratique, une gouvernance incluant des organisations scientifiques et de conservation comme IFAW, membre actif du comité de pilotage et du comité consultatif. Cette gouvernance renforce la crédibilité scientifique de l’indicateur et son ancrage opérationnel.
Le Rapport de performance 2024 de GME montre ainsi que 21 % des armateurs certifiés ont atteint le niveau 3 ou plus, grâce à des mesures concrètes : optimisation d’hélice, revêtements de coque avancés, gestion adaptative de la vitesse dans les zones sensibles.
GME a également souligné la convergence stratégique entre :
Cette dynamique conjointe — scientifique, réglementaire et opérationnelle — s’inscrit dans une ambition plus large portée par plusieurs États et institutions : avancer vers un objectif de “Quiet Ocean”.
L’atelier de l’OMI a dégagé un constat commun : la réduction significative du bruit sous-marin ne sera possible que si science, innovation technologique et cadre réglementaire avancent de concert — et si la réduction du bruit devient un élément structurant de la conception, de l’exploitation et des investissements navals.
En partageant son expérience de terrain et sa méthodologie d’indicateur, Green Marine Europe a réaffirmé son rôle de catalyseur d’une action collective, ambitieuse et fondée sur la preuve, au service de la protection des écosystèmes marins et de la transition environnementale du secteur maritime.
Photos : OMI