Antidia est Directrice générale de Green Marine Europe depuis février 2025. À ce titre, elle agit à titre de porte-parole et coordonne le développement stratégique et opérationnel du programme européen de certification environnementale, en lien étroit avec Green Marine International. Elle assure la représentation institutionnelle, le déploiement de la certification en Europe et l’accompagnement des participants dans leur démarche de progrès, en cohérence avec les enjeux de transition du secteur maritime.
Mon parcours est guidé par une conviction forte : celle de faire progresser le développement durable dans le secteur du transport maritime. Ma thèse de doctorat CIFRE (Conventions industrielles de formation par la recherche), obtenue au sein de Surfrider Europe, portait déjà sur la manière dont les parties prenantes contribuent à l’élaboration des normes environnementales maritimes. Elle m’a permis de comprendre que la co-construction est essentielle pour faire évoluer les cadres réglementaires, à l’échelon national, européen et international.
J’ai ensuite mis cette expertise au service du plaidoyer, en créant et dirigeant l’équipe lobbying de Surfrider Europe. Avec elle, et en coalition avec d’autres ONG, nous avons obtenu des avancées significatives à l'international : l’intégration de l’Océan dans le préambule de l’Accord de Paris (COP 21), l’interdiction de plastiques à usage unique en Europe, ou encore des avancées à l’OMI (Organisation Maritime Internationale) sur la sécurité maritime. Ce travail m’a amenée à intégrer le Ocean Mission Board de la Commission européenne, présidé par Pascal Lamy.
Face à l’urgence environnementale, j’ai aussi ressenti la nécessité de renforcer le dialogue avec les entreprises, pour accélérer l’action concrète sur le terrain. C’est dans ce cadre que j’ai contribué à la création de Green Marine Europe, d’abord incubé par Surfrider Europe, sous licence de Green Marine . Ainsi, après en avoir été la cheffe de projet, j’en suis aujourd’hui la Directrice Générale au sein de l'équipe Green Marine International. Ce programme volontaire est un levier efficace et mesurable pour améliorer les performances environnementales du transport maritime, tout en répondant aux attentes des financeurs en matière de durabilité.
Ma mission aujourd’hui : porter cette ambition au niveau européen, développer des coopérations stratégiques, sécuriser des financements et piloter des projets à fort impact. Forte de cette expérience, désormais bien engagée en Europe, il s'agira de proposer une expérience similaire sur d'autres continents, au service du réseau Green Marine International.
L’idée de créer une certification environnementale pour l’industrie maritime en Europe est née d’un constat simple : quand on consomme une tablette de chocolat par exemple, on a beaucoup d’informations sur l’origine de ses ingrédients, leurs modalités de culture, leur caractère bio ou pas, mais on a souvent très peu d’informations sur le chemin parcouru entre le site de production et notre cuisine. C’est là l’origine de notre motivation : donner des clés de compréhension quant aux performances environnementales du transport maritime, pour mieux les valoriser auprès des parties prenantes – les consommateurs inclus, afin l’objectif d’éclairer leurs choix de consommation. C’est tout ce cheminement intellectuel qui nous a amenés à adapter le référentiel de Green Marine en Europe, pour accompagner l’industrie maritime vers un progrès environnemental permanent, en toute transparence.
En un peu plus de cinq d’existence, Green Marine Europe est parvenu à construire une véritable communauté de plus de 75 membres (participants, associations, supporteurs, partenaires), provenant de 10 pays, dont près d’une trentaine de participants certifiés.
Réalisée en 2024 auprès des entreprises participantes au processus de certification, sa mesure d’impact a permis de démontrer la double pertinence de GME, particulièrement pour les Directions générales, les Directions techniques, QHSSE et RSE : d’une part en tant qu’outil de pilotage stratégique de la transition environnementale, en interne comme externe ; d’autre part en tant que composante essentielle de l’engagement collaborateur en matière environnementale.
En facilitant le monitoring des plans d’action environnementale, Green Marine Europe renforce leur lisibilité et leur crédibilité auprès des parties prenantes internes et externes, via des résultats et des actions correctives concrets et visibles.
Green Marine Europe évolue dans un écosystème plurisectoriel, au croisement de nombreux métiers et modèles économiques, et dans un contexte européen multiculturel où la législation environnementale est en constante évolution. Notre ambition : proposer un cadre d’engagement capable de s’adapter à la diversité des secteurs maritimes comme à toutes les tailles d’entreprises, des plus petites aux plus grandes.
Face au risque permanent de greenwashing, nous défendons une approche innovante, transparente et rigoureuse, gage de crédibilité. Au-delà de la certification, nous construisons une communauté solide et engagée autour d’un objectif commun : accélérer la transition environnementale du transport maritime. En élargissant notre réseau de membres et en affirmant notre modèle, nous souhaitons aussi devenir une source d’inspiration pour d’autres continents.
Green Marine Europe connaît une reconnaissance croissante en Europe, et nos priorités visent à renforcer son impact et sa visibilité à plusieurs niveaux.
D’abord, en ouvrant le programme aux ports – avec l’objectif de premiers certifiés en 2026, nous complétons l’écosystème maritime pour adresser l’ensemble de la chaîne de valeur. Cette ouverture aux ports vise à intégrer également le transport fluvial, un axe stratégique pour l’Europe.
Ensuite, en mobilisant les investisseurs et la finance verte, nous proposons une grille de lecture crédible du green shipping pour orienter les investissements responsables — une démarche que nous valoriserons notamment dans le cadre d’une présence active à la Conférence des Nations-Unies pour l’Océan (UNOC 3), notamment dans le cadre du Blue Economy Finance Forum en juin 2025.
Nous ambitionnons également d’accroître notre communauté de membres, en mobilisant les acteurs associatifs et institutionnels pour consolider notre légitimité. Notre participation active à des consortiums européens comme CirclesofLife (réduction de l’impact environnemental de l’industrie navale européenne) nous permettra d'élargir notre réseau de parties prenantes.
Enfin, nous serons présents dans les événements européens et internationaux majeurs dans les mois à venir tels que Interferry à Sorrento.
Parce qu’il représente 90% des échanges commerciaux à travers le monde, le transport maritime joue un rôle clef dans la transition environnementale. Le transformer, c’est contribuer à un changement sociétal profond.
Pour accélérer sa décarbonation, il faut agir de manière conjointe : écoconception, réduction des vitesses, routage, hybridation des modes de propulsion, optimisation des usages… Il n’existe pas une solution miracle, mais un faisceau d’actions coordonnées.
Les freins restent nombreux : contraintes financières, manque de priorisation des enjeux RSE, anticipation des régularisations relatives à la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), et difficulté à se repérer parmi les solutions disponibles. D’où l’intérêt de démarches structurantes comme Green Marine Europe.
Green Marine Europe repose sur des indicateurs "beyond compliance", révisés régulièrement avec les parties prenantes. L’ajout de nouveaux critères, une veille réglementaire active et l’écoute continue du secteur garantissent ambition et crédibilité.
Pour convaincre de nouveaux acteurs, nous mettons en avant les bénéfices concrets de la certification : visibilité, crédibilité, monitoring structuré et amélioration continue. Et surtout, nous leur disons : rejoignez une communauté engagée, avant d’y être contraints par la réglementation. Clients, passagers et investisseurs y sont déjà sensibles et le seront davantage à l’avenir.
C’est cette logique de synergies et d’ouverture qui nous incite à renforcer nos liens avec les investisseurs et des réseaux internationaux comme l’AIVP (réseau mondial des villes portuaires). Outre l’intégration de nouvelles catégories de participants à la certification évoquée plus haut (ports maritimes, acteurs du fluvial), nous allons prochainement consolider notre référentiel d’indicateurs environnementaux. À l’automne 2025, s’ouvrira un groupe de travail sur l’indicateur "Traitements de surface et revêtements" pour les chantiers navals. Nous espérons également optimiser les travaux du consortium CirclesOfLife pour créer un indicateur "Cycle de vie des navires", toujours pour les chantiers navals. Et pourquoi pas élargir notre référentiel à des indicateurs de dimension sociale et sociétale ?