Dans les coulisses du chantier naval Lisnave : conversation avec Luís Braga et Claudia Spranger
Derrière chaque navire qui (re)prend la mer se trouve l’expertise d’un chantier naval. Au Portugal, Lisnave s’impose comme l’un des leaders européens de la réparation et de la maintenance, et entend jouer un rôle moteur dans la transition environnementale. En tant que sponsor impact du Green Shipping Industry Day, Lisnave partage sa vision et ses engagements dans cet entretien croisé avec Luís Braga, Directeur commercial, et Claudia Spranger, Environment Manager.
Parlez-nous de Lisnave en quelques mots ?
Lisnave est l’un des principaux chantiers navals de maintenance et de réparation en Europe, basé au Portugal.
Ses origines remontent à 1937, lorsqu’un groupe national a repris la concession d’un chantier sur la rive nord de l’estuaire du Tage, à Lisbonne. En septembre 1961, Lisnave s’est étendu sur la rive sud du Tage avec de nouvelles installations capables d’accueillir les plus grands navires construits à l’époque.
Face à la demande croissante en réparation et en construction navale, un nouveau chantier a été créé à Setúbal en 1973. À la fin de l’an 2000, à la suite d’un vaste plan de restructuration et de modernisation des installations de Setúbal — incluant la construction de trois cales sèches supplémentaires de taille Panamax (le Hydrolift) — toutes les activités ont été regroupées à Setúbal.
Aujourd’hui, Lisnave exploite un complexe de réparation navale à la pointe de la technologie avec six cales sèches et est reconnu internationalement comme une référence dans l’industrie. Grâce à sa localisation stratégique, sa réputation de qualité et sa capacité éprouvée à respecter les délais de réparation, Lisnave poursuit sa mission : offrir des solutions de maintenance et de réparation fiables et de haut niveau à la flotte marchande mondiale, afin de remettre les navires en service de manière sûre, efficace et ponctuelle. La fidélité de ses clients se traduit par des partenariats de long terme avec des armateurs du monde entier qui continuent, année après année, à placer leur confiance en Lisnave.
Quels sont les principaux défis auxquels un chantier naval comme Lisnave est confronté aujourd’hui, notamment dans le contexte de la transition environnementale ?
Le marché mondial, marqué par des niveaux de conscience et de conformité variables, représente un défi majeur pour toutes les industries européennes, alors que l’Europe cherche à montrer l’exemple. L’économie circulaire s’impose comme la seule voie possible : il n’est plus tenable de maintenir un modèle linéaire basé sur l’exploitation continue des ressources.
Un autre enjeu essentiel est l’évolution des technologies plus propres, notamment dans le traitement des surfaces, et leur mise sur le marché à grande échelle.
Notre ambition est d’utiliser l’environnement comme un levier pour réinventer nos modèles économiques. Mais nous savons que la route ne sera pas sans embûches.
Comment Lisnave se prépare-t-il à accompagner ses clients armateurs dans cette transition ?
Depuis plusieurs années, Lisnave équipe déjà des navires avec de nouvelles technologies pour rendre le transport maritime plus efficace et plus respectueux de l’environnement. On peut citer, par exemple, l’installation de systèmes de traitement des eaux de ballast, de scrubbers, ou encore l’adaptation à des carburants plus durables.
Le rôle des infrastructures portuaires et des chantiers navals est souvent moins visible dans le débat public que celui des navires eux-mêmes. Selon vous, quel rôle stratégique les chantiers doivent-ils jouer dans la transition environnementale du secteur ?
Même si les chantiers navals ne sont pas toujours sous les projecteurs comme les navires eux-mêmes, leur rôle est stratégique et indispensable dans la transition environnementale du maritime.
Au-delà du respect des normes environnementales lors du passage des navires — grâce à des dispositifs tels que le branchement électrique à quai, le traitement avancé des eaux usées et de ballast, ou encore des infrastructures modernes de gestion des déchets intégrant des solutions circulaires —, les chantiers jouent un rôle clé dans la réduction des émissions et la promotion d’une exploitation plus durable.
Tout aussi essentiel, l’entretien et la réparation contribuent à garantir l’efficacité des navires sur le long terme. En assurant la maintenance, en intégrant de nouvelles technologies et en prolongeant la durée de vie des navires, les chantiers réduisent l’impact environnemental tout en générant des économies concrètes pour les armateurs et les opérateurs.
Chez Lisnave, nous sommes fiers d’avoir mené à bien certains des projets les plus exigeants du secteur, notamment des modernisations visant à économiser l’énergie, comme l’installation de conduits d’hélice, le remplacement d’étraves bulbeuses ou encore l’intégration de systèmes de branchement à quai. Ces initiatives illustrent clairement la contribution active des chantiers à la décarbonation du secteur et à un avenir plus durable pour le transport maritime.
Lisnave a rejoint le programme Green Marine Europe en tant que participant. Qu’est-ce qui a motivé cette décision et qu’est-ce que cela représente pour votre entreprise ?
Le programme Green Marine Europe est apparu comme une évidence au moment où Lisnave a reconnu le rôle important et exemplaire qu’il pouvait jouer en matière de pratiques environnementales, à différents niveaux.
Comment la participation au processus de certification Green Marine Europe vous aide-t-elle à suivre et à réduire votre impact environnemental ? Quels messages clés souhaitez-vous adresser à vos pairs du secteur maritime lors du Green Shipping Industry Day ?
La certification Green Marine Europe vous prépare à franchir un nouveau cap : non seulement améliorer vos indicateurs environnementaux, mais aussi répondre aux attentes de vos clients en matière de performance durable.
Enfin, si vous deviez partager une vision ou un souhait pour l’avenir du secteur maritime face aux défis environnementaux, quel serait-il ?
Si l’on considère la durabilité de la planète dans toutes ses dimensions — sociale, environnementale et de gouvernance —, l’industrie doit ralentir. La décroissance est la seule manière de respecter le rythme de régénération de la nature.
Dans une approche moins radicale, ou plus réaliste selon les points de vue, il est indispensable de développer des technologies plus propres et plus efficaces, capables de produire autant avec un impact environnemental réduit.